Assomption 2025
MARIE FEMME D'ESPERANCE
En cette année du Jubilé de l'espérance, il semble opportun de méditer comment Marie a été, durant sa vie terrestre, une femme d'espérance. Et, depuis que, dans son Assomption, elle est transfigurée au ciel dans la plénitude de sa personnalité, elle est devenue pour tous les chrétiens un modèle d'espérance. Oui, Marie nous invite à l'espérance par sa foi qui a tenu bon.
La foi de Marie ferme et solide
En vénérant Marie, nous avons parfois tendance à la positionner au-dessus de notre condition humaine, comme si elle était, en quelque sorte, une quasi-déesse. Certes sa liberté, à la différence de la nôtre, n'a pas été abîmée par le péché originel, puisqu'elle en a été épargnée. Mais cela ne signifie pas que sa foi ait été vécue dans la facilité et sans luttes.
Voyez l'annonciation : une jeune fille devient enceinte, « sans avoir des relations conjugales », comme le dit l'évangéliste saint Luc, « par la puissance du Très Haut qui te couvrira de son ombre » (Luc, 1, 35). Cette expression rappelle la présence efficace de Dieu à son peuple lors de la libération d'Egypte. Marie, à l'annonce de l'ange, s'interroge : « comment cela se fera-t-il ? »Il y a de quoi être, sinon perturbée, du moins perplexe. Mais elle ne doute pas, elle fait confiance, sa foi en Dieu tient bon, même si la situation lui pose question.
Sa vie, nous la connaissons, a été une suite de situations complexes où l'obscurité a été souvent plus importante que la lumière.Voyez la naissance à Bethléem : « il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes »('Luc 2, 7). Marie a tenu bon.
Il y a eu la prophétie de Syméon : » Toi-même, un glaive te transpercera l'âme, car Jésus sera un signe contesté » (Luc 2,34-35).Pas facile pour une mère d'entendre une telle appréciation sur son fils ! Elle a tenu bon !
Il y a eu la fuite en Egypte pour échapper au tyran Hérode, avec toutes les insécurités que comporte un exil précipité : Marie a tenu bon.
Il y a eu aux noces de Cana, à sa demande « ils n'ont plus de vin », la réponse distante de Jésus « que me veux-tu, femme ? ». Marie réagit avec foi : « quoi qu'il vous dise, faites-le » (Jean 2,5). Elle a tenu bon.
Il y a eu l'hostilité grandissante contre Jésus, son arrestation, son procès inique, sa condamnation à mort, et son supplice sur la croix. Dans son intuition de femme, Marie a-t-elle pressenti que son fils était Dieu en personne ? Peut-être mais, malgré toutes ses souffrances de mère, elle est restée au pied de la croix sans fuir comme les apôtres. Elle a tenu bon, manifestant ainsi son espérance de la Résurrection. Elle nous invite, nous aussi, à manifester nos espérances devant nos difficultés, nos épreuves, nos obscurités.
Deux attitudes d'espérance : rendre service et aller de l'avant
Marie manifeste aussi son espérance en rendant service à sa cousine Elisabeth. Alors qu'elle est enceinte, elle n'hésite pas à faire un long voyage pour visiter Elisabeth, comme le décrit le passage d'Evangile que j'ai lu. En pratiquant sa charité, au sens fort de ce thème, elle montre son attention à sa cousine. Elle exprime ainsi son espérance qu'Elisabeth « qui était stérile » 'Luc 1, 7) allait devenir mère. Elle développe avec elle une réelle relation de fraternité. L'on dit maintenant sororité, puisqu'il s'agit d'une rencontre entre deux femmes.Et elle exprime, dans le Magnificat, son émerveillement pour le Seigneur qui, dans les conflits et les rapports de force de la société, s'occupe des pauvres et des affamés. Marie chante son espérance par rapport à Dieu qui tient ses promesses.
Elle nous invite à pratiquer la fraternité , dans l'espérance que la famille humaine finira par devenir fraternelle, puisque tel est le désir de Dieu.
Marie aussi va de l'avant. Elle est tournée vers l'avenir et non vers le passé. Après l'avoir éduqué, elle soutient son Fils pour que celui-ci réalise sa mission, même si elle n'en comprend pas toutes les composantes.Même si Jésus relativise sa fonction de mère en proclamant que tous ceux et celles « qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique sont aussi sa mère « (Luc 8, 21).
En Marie, il n'y a pas de nostalgie du passé, même si l'avenir parait incertain. Elle vit dans l'espérance que la mission de son Fils, dût-elle passer par la croix, finira par aboutir.
Elle nous invite à agir de même. Au lieu de faire la toilette de nos souvenirs et d'enjoliver le passé, nous pouvons, en imitant Marie, assumer notre présent tel qu'il est, avec ses valeurs, ses contradictions et ses défis. Et préparer ainsi, pour les générations futures, un monde qui, par la grâce de Dieu, deviendra son Royaume.
L'espérance vraie ne peut pas nous décevoir.
Père Bernard